Une question d'énergie...
On lit un peu de tout et pas mal de n’importe quoi au sujet de l’IA ces derniers temps. J’ai donc décidé d’apporter ma modeste pierre à l’édifice et de publier quelques textes à ce sujet. Docteur en IA, ayant fait de la recherche dans ce domaine de 1998 à 2003, et ayant enseigné cette matière en école d’ingénieurs de 2004 à 2010, je suis outillé pour comprendre de quoi on parle. Actuellement, je suis toujours avec intérêt ce qui se passe dans le domaine, mais de plus loin. Cela me donne un recul que n’ont pas certains spécialistes actuels de la branche, alors qu’eux sont imbattables sur les détails des développements récents. J’espère donc que mon éclairage atypique pourra aider quelques personnes à y voir plus clair dans ce sujet actuellement très chaud.
Après un premier texte sur la définition de l’IA, voici une réflexion sur sa consommation énergétique.
En mai 2017, le logiciel AlphaGo bat le champion du monde du jeu de Go. Ce jeu a longtemps été réputé très difficile, voire impossible à automatiser du fait du gigantesque nombre de combinaisons possibles ainsi que de la subtilité de ses règles et des stratégies en découlant.
Alors, l’humain est dépassé, ou s’il ne l’est pas encore, c’est pour demain?
Pas si sûr!
D’abord parce que si l’on sait faire jouer une machine au go, ce n’est pas demain ni même après demain qu’on verra un robot gagner un match de badminton ou une équipe de machine gagner un match de foot contre des humains.
Mais il y a autre chose: les 1'200 processeurs et 175 coprocesseurs graphiques d’AlphaGo consommaient environ 1'000kW pour fonctionner. Le cerveau humain, lui, tourne à moins de 20W. Pour gagner, AlphaGo a donc grillé 50'000 fois plus d’énergie que le cerveau de son adversaire. Même en comptant l’énergie du corps entier - ce qui n’est pas une mauvaise idée, le cerveau tout seul ne pouvant pas faire grand chose - on reste à un facteur 10'000.
10'000 fois plus d’énergie pour une même tâche… peut-être qu’un jour les IA (quoi que cela signifie) prendront le pouvoir sur les humains et les asserviront. Il faudra à ce moment-là serrer les dents, baisser la tête et attendre. En quelques mois, les machines à court d’énergie s’éteindront d’elle-mêmes et l’humain, aussi naturellement bête qu’avant, pourra librement recommencer à développer de nouvelles technologies le mettant en danger.