Twint, une belle réussite de souveraineté numérique?
Il y a quelques jours, Le point J, émission d’actualité de la Radio Télévision Suisse, a invité Anouch Seydtaghia, en qualité de “journaliste spécialiste en technologie au journal Le Temps”, pour parler de Twint, l’application de paiement mobile qui cartonne actuellement en Suisse.
Par deux fois, M. Seydtaghia s’y enflamme pour décrire à quel point Twint représente une réussite pour la Suisse en termes de souveraineté numérique. Vous pouvez écouter l’entier de l’émission ici mais je vous ai préparé un petit extrait si vous ne voulez pas écouter le tout:
La souveraineté numérique? Ça m’intéresse, ça! Je me précipite sur le site de Twint pour télécharger l’application sur mon fidèle laptop sous Arch Linux, et là, qu’est-ce que je vois?
“L’app TWINT est disponible pour iOS et Android”. Aha.
Est-ce que ça marche mieux sur mon smartphone sous LineageOS, une variante google-free d’Android? Scanner le QR de téléchargement me donne un lien vers Google play, que je n’ai pas (parce que, justement, je me soucie de souveraineté numérique - et de protection de la sphère privée). Encore raté, donc.
Je dois manquer quelque chose… iOS est un produit développé par Apple, entreprise éminemment américaine. Cela contraste bien sûr avec Android, produit par Google aux États-Unis. Les apps Twint ne sont installables que par les shops respectifs de ces deux OS, gérés - faut-il le préciser - depuis les États-Unis. S’il prenait l’envie aux États-Unis de bloquer l’utilisation de Twint, ils pourraient donc le faire du jour au lendemain sans le moindre problème.
Parlerait-t-on de souveraineté alimentaire pour du tofu élaboré en Suisse à base de soja 100% importé? Ou pour du gruyère AOP vendu exclusivement sur Temu?
Il en va de même pour une application: si les plateformes auxquelles elle est destinées sont en mains étrangères, on peut la rendre aussi incroyablement suisse que l’on veut, ça ne fera pas avancer la souveraineté d’un iota.
La solution? Elle est devant vos yeux en cet instant même. En développant un service web respectueux des standard ouverts, on rend le service accessible par quiconque disposant d’un accès internet, quelle que soit sa plateforme. Ou alors, dans le cas particulier de Twint, il y a aussi une autre alternative, presque parfaitement souveraine, mais il se peut qu’elle ne plaise pas à tout le monde: le paiement en espèce.