Le smartphone de faust
Le mythe de Faust a engendré de nombreuses variantes, Faust vendant son âme au diable pour retouver la jeunesse, lire l’avenir ou même assurer à la victoire à son équipe de baseball préférée.
Sans aller chercher aussi loin, une autre variante nous entoure de toutes parts: vendre tous les détails de sa vie privée pour pouvoir utiliser ces merveilleux bijoux de technologie que sont les smartphones et tablettes numériques.
Mais ces derniers mois, le monde du logiciel libre s’est montré assez actif dans le domaine, donnant espoir de pouvoir utiliser des dispositifs mobiles sans confier son intimité aux mains d’une grande entreprise.
Résumés ci-dessous, mes explorations autour de la Nexus 7 se sont révélés tout d’abord décevants… mais avec tout de même une bonne surprise au bout.
Linux et OS alternatifs
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Ubuntu a annoncé à grand fracas que sa version du printemps 2013 tournerait sur la Nexus 7… mais sans aucune adaptation d’interface. Autrement dit, vous pouvez installer Ubuntu sur votre tablette, à condition d’y relier une souris et un clavier!
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Plus prometteur semblait l’image de Bodhi Linux pour cet appareil: basé sur Enlightenment, le gestionnaire de fenêtre est configuré pour une utilisation sur ce genre d’appareil.
Prometteur oui, mais convaincant, non… Il y a de bonnes idées, mais le tout est assez instable et inutilisable pour quoi que ce soit d’autre que de tester le concept.
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Même déception avec Plasma Active, l’interface mobile de KDE: l’image proposée (basée sur mer) permet de se convaincre que ce sera très bien quand ce sera mûr… mais que ça ne l’est pas encore maintenant.
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Quant à Open WebOs, FirefoxOs et consort: il est clair là aussi que c’est, au mieux, beaucoup trop tôt!
Retour à Android? oui, mais…
Alors, pas moyen d’utiliser sa tablette sans tomber dans les griffes de Google? J’en étais presque à conclure ça, lorsque je suis tombé sur une page qui m’a redonné espoir.
Android étant essentiellement basée sur des logiciels libres (dont bien sûr un noyau Linux), pourquoi jeter le bébé avec l’eau du bain? ne pourrait-on pas se débarrasser des bouts qui nous dérangent et ne garder que ce qu’il y a de bon?
C’est l’idée à la base du projet Replicant: faire une version d’android entièrement libre. Louable, mais des problèmes de drivers font que cet OS n’est utilisable que sur un nombre très restreint d’appareils.
Plus pragmatique, cyanogenmod se débarrasse de toutes les parties non libres et non indispensables - gardant en particulier quelques drivers propriétaires. Il en résulte une version d’Android parfaitement utilisable et presque entièrement libre.
Mais les applications, me direz-vous? Il faut là se tourner vers le “Market” alternatif f-droid: une alternative à Google Play ne proposant que des logiciels libres.
Conclusion
Si on est prêt à faire des concessions, la combinaison cyanogenmod+f-droid permet d’obtenir un système parfaitement utilisable et presque entièrement libre. Cela permet aussi d’utiliser sa tablette sans compte Google.
La différence de maturité avec les versions de Linux disponibles actuellement sur la Nexus 7 est telle que l’hésitation n’est presque pas permise (du moins si on a l’intention d’utiliser sa tablette).
Bien entendu, le demi-millier d’applications de f-droid ne régate pas avec les centaines de milliers de Google Play, mais qui installe des centaines de milliers d’applications sur sa tablette? Et, en se basant sur cyanogenmod, on a un vrai système android, donc la possibilité éventuelle d’installer une application non-libre si on le veut (sans rien dire à personne, bien entendu).
Cette combinaison pragmatique me paraît donc pour l’instant la meilleure solution, du moins en attendant la maturation de Bodhi Linux, Plasma Active… et de Ubuntu for phones quand il pointera le bout de son nez!